Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Gouttes de vie, suite d'écrits

20 juillet 2017

Chester

DSC_0336

Ta voix rythme ma vie, m'accompagne depuis plus de dix ans. Through thick and thin... You were always there. When I was alone in the dark, when no one, nobody could hear me, when I didn't know how to express my frustrastion or my pain, you were there. You put a reassuring sound in my heart, you gave me the strength to go on, to live one more day. I know how cliché it sounds. How I am and I feel one in a million. But through time and space, you were there. You still are.

Je me souviens de cette nuit d'hiver sous les étoiles, ta voix dans les oreilles et ma détresse au coeur. Tu m'as aidé à tenir, cette nuit-là. Tu m'as aidé bien d'autres nuits, bien d'autres jours. Quand il n'y avait personne d'autre, les mêmes rengaines me berçaient jusqu'au sommeil. Avec les ans, j'ai grandi, évolué, mais ta voix m'accompagnait toujours. Ce matin-là, à tue-tête dans la voiture. Cette journée de printemps, pour fêter le bonheur renouvelé. Le jour de mon mariage. Ma première chanson dans mon nouvel appart ou sur mon nouveau pc. La dernière aussi, à chacune des étapes importantes. Tu étais là.

J'attendais encore tant de toi. Je voulais vieillir à des années, des kilomètres de distance, mais en ta compagnie. Tu ne sauras jamais à quel point tu as compté, et peut-être que ce n'est pas si important. Tu comptes toujours. Tu rythmeras chaque nouvelle étape de ta voix si particulière. Je ne remets pas en cause ton choix, ta vie dont je n'ai aucune idée. Je voulais juste t'exprimer ton importance et ma reconnaissance. Tu as donné une voix à mes cris silencieux. Tu as prononcé pour moi des mots interdits, de révolte, d'amour. Tu m'as souvent portée à bout de bras. Tu le fais encore.

Finir par un merci ? Par une déclaration d'amour ? Je te dois plus qu'à beaucoup d'autres. Je doute que ce soit suffisant, mais je paierai cette dette par le souvenir et la fidélité. Où que tu sois, si loin, si inaccessible, tu peux compter sur moi. Tu resteras dans mon coeur, dans mes oreilles, dans mes paroles. Par ma voix, je ferai l'espace d'une piste lancée au boucle, revivre un peu la tienne, comme lorsque nous chantions à tue-tête notre mal-être pour mieux nous en guérir. 

Publicité
Publicité
22 juin 2017

La fin d'Herbepierre (2)

Voilà, j'ai fini. J'ai terminé mon premier jet hier, le 21 juin 2017, après 9 ans de travail. J'ai fait de la relecture aujourd'hui. Heureusement. Ca m'a fait du bien. Je suis satisfaite de ma fin : j'ai l'impression d'avoir créé un univers, mais surtout un point final, digne de mes personnages. Je leur dis adieu, mais un adieu en paix, rasséréné, sans larmes ni regrets. Une partie de ma vie s'achèvent. Bien sûr, ils me manqueront. Je sais ce que je leur dois et l'amour que je leur porte. Au total, j'ai écrit six tomes, 1173 pages, 692 628 mots (susceptible de changer), 4 113 520 sec...

Je ne peux contenir un sentiment de fierté. J'ai réussi. C'est fini. J'aimerais dire à cette personne qui doutait de sa vocation, qui pensait abandonner l'écriture au profit de la recherche, du travail, que tout est possible. Qu'elle va accomplir son rêve. Elle qui croyait cette tâche sans fin, inachevable. Herbepierre, c'est fini.

Bien sûr, il reste encore la relecture. J'ai hâte de retrouver mes personnages sous un angle différent et de pouvoir concevoir l'oeuvre dans son intégralité. Il me reste tant de précisions à apporter, de détails à ajouter...

Je me sens aussi libre. Libre de me consacrer à autre chose, de partir sur de nouveaux sentiers. De me tourner vers la voie de l'édition. Un passage de ma vie d'autrice se clôt, et c'est excitant d'envisager ce que je vais pouvoir accomplir dans les prochaines années.

Pourtant, le sentiment principal qui m'occupe, c'est la tristesse. Olivier, Lierre, Rouille, Emile, Acier, Ambre, Deriane... Et bien sûr Acier, Emeraude, l'autre Lierre, Chêne, Allan, Victor, Sapin, Saphir, Frêne, Rubis, Argent... Ces personnages vont pour un temps sombrer dans l'oubli. J'espère pouvoir un jour leur offrir le lectorat enthousiaste qu'ils méritent et que j'appelle de mes rêves les plus fous. Ils sont inscrits dans mon coeur, dans mes tripes. Et je suis convaincue qu'ils vont me manquer. Ma seule consolation reste que j'ai l'impression d'avoir été à la hauteur de leurs attentes.

Et puis je me sens heureuse. Heureuse d'avoir eu la chance de vivre, grandir avec eux dans un coin de ma tête au fil des années. Comblée par la force, l'amour, la détermination qu'ils m'ont apporté. Je crois en cette histoire et je continuerai à y croire. Pour être honnête je n'ai qu'une envie : recommencer à lire pour avoir une vue d'ensemble de mon travail.

Mais pour l'instant, un temps de repos s'impose. Je dois rariver ma créativité, me replonger dans la lecture, le dessin, l'écriture d'autre chose. Recommencer à essayer plutôt que de me fixer sur un seul projet. Tant de choses changent dans ma vie. Je franchis une étape. Et oui, j'ai envie de jeter un regard en arrière, de l'autre côté du seuil, pour partager un dernier moment d'amour avec ma création. Mais surtout, mes pas me portent déjà vers l'avant.

20 juin 2017

La fin d'Herbepierre (1)

Je viens d'écrire le mot "épilogue". Après toutes ces années. Ce mot me choque, m'emplit de terreur autant que de soulagement. Je ne m'attendais pas à une telle émotion. J'ai ressenti de la nostalgie, du regret à quitter chacun de mes personnages, les uns après les autres. Mais je n'avais pas encore compris. Pas jusqu'à maintenant. J'arrive à la fin. Mes ultimes mots, les derniers soupirs de ces caractères avec lesquels j'ai passé neuf ans de ma vie. Ils sont inscrits dans ma chair. Dans mon corps. En moi. Quelque part, ils me manquent déjà. A chaque fois que j'arrivais à la fin d'une partie, je me rassurais. Je me disais "il me reste encore ceci", "il me reste encore cela". Maintenant, j'ai écrit le mot "épilogue". Il ne reste plus rien. Il n'y a pas d'"après". L'histoire s'achève. Les personnages trouvent leur voie, vivent leur vie heureuse et inintéressante sans moi. Le lien qui nous relie se rompt.

Il me reste un épilogue. Juste un épilogue. J'aimerais penser à une suite, à un après. Je sais que c'est fini. Et je ne peux que laisser la tristesse m'envahir, me submerger.

Juste un épilogue.

Demain.

Un soir encore, une nuit, je veux me consacrer à Herbepierre. Vivre son histoire, ces personnages. Faire partie de ce monde. Une soirée avant la fin.

16 février 2017

Un petit adieu

Musée des arts forains 008

Après quatre ans de bons et loyaux services, je change aujourd'hui d'ordinateur. Rien ne va mal avec l'ancien, il a juste vieilli et je sens que certaines fonctionnalités ne tiendront plus longtemps. Je préfère un changement serein, en sauvegardant mes données, qu'une catastrophe. C'est donc ici que je viens dire adieu à cette partie de ma vie. Cet ordinateur est mon premier ordinateur gamer. C'est le deuxième que j'ai acheté dans ma vie et le premier pour lequel j'ai vraiment investi. Aujourd'hui, j'ai choisi de le remplacer par quelque chose d'actuel mais moins ambitieux, centré sur un seul but : par le jeu vidéo ou la performance, mais me procurer les meilleures conditions pour écrire.

Je vais donc acheter, pour la première fois de façon sérieuse et concertée, des logiciels. Trois. Le Pagefour que j'utilise depuis des années, le Aeon Timeline que j'utiliserai surtout cet été et Antidote 9, que j'attends avec impatience. J'ai hâte, mais en même temps... J'ai tapé mon master sur cet ordinateur. J'ai fait mes études, préparé mes premiers cours, découvert des jeux et des films, suivi des séries. Quatre ans de ma vie, c'est long, et ce n'est rien en même temps. Il y a quatre ans, j'étais en année sabbatique. J'écrivais, je passais mes journées à ça. J'avais trouvé une sorte de sérénité, de rythme, même si tout n'était pas parfait. Aujourd'hui, c'est ce que j'ai perdu et que je recherche. Peut-être le trouverai-je un jour...

Peut-être l'année prochaine. Les choses changent. J'espère.

22 janvier 2017

Réécrire sur ce blog

P1090405

Je n'écris plus ici, et ça me manque. Ce n'est pas qu'une question de temps : j'ai un autre blog, un blog qui a un but précis, et dans lequel je ne peux plus m'exprimer comme je le souhaite. En relisant mes anciens blogs, je me suis rendu compte que ce qui me manque le plus, c'est cette liberté de pouvoir parler comme je le voulais en faisant fi de l'opinion des autres. De m'exprimer au sens étymologique du terme, avoir ce petit coin où il est possible d'être moi-même, avec moi-même, et d'en garder une trace.

Peut-être que ça me ferait de bien de libérer ici de mes angoisses. Lorsque je regarde les années passer, je comprends que j'ai toujours voulu pousser vers l'avenir dans l'espoir qu'elles disparaissent. Pourtant, à chacune que j'arrive à vaincre, une autre apparaît. Elles s'accompagnent de fatigue, de doute.

J'aimerais garder une trace de ça ici. Des progrès que j'ai réussi à accomplir... Mais aussi de ceux qu'il me reste à faire. Au moment où j'écris ces lignes, quatre de mes nouvelles sont publiées. Je dis que je suis fière, je l'écris, j'en parle... Pour l'instant, ce n'est pas vrai. Je me suis fixé un objectif : je veux être publiée dans une maison nationale, si possible pour un roman. Je serai fière quand j'aurai accompli cela. Avant... Je ne suis qu'une petite autrice. Ce que j'aimerais, c'est réussir dans ce milieu, m'y faire une place.

Le problème, c'est que je n'arrive pas à trouver le temps d'écrire. L'année dernière, j'écrivais et cela me rendait heureuse. J'étais en avance sur mon objectif. J'avais des baisses de morale comme tout le monde, mais je m'en sortais, et finalement, l'un dans l'autre, j'ai l'impression d'avoir réussi à accomplir quelque chose. Aujourd'hui, je n'ai plus la même impression. J'ai l'impression d'un retour en arrière, d'une prison dans laquelle on m'entraîne à nouveau, contre mon gré. Parce que mon travail prend à nouveau le pas sur ma passion. Je n'arrive plus à écrire ; je travaille. Et lorsque je ne travaille pas, je m'effondre. Mon angoisse monte, m'enserre, m'épuise. J'ai l'impression de me retrouver en prépa, en agreg. Et je n'en peux plus. Combien d'années parviendrai-je encore à prendre sur moi pour accomplir cet exploit de la survie ? J'en suis là. J'ai l'impression d'avoir de rares bouffées d'air avant de replonger.

J'ai peur. J'ai peur pour mon avenir. Je ne sais pas comment je vais réussir à ne pas mener une vie banal, insignifiante, rythmée par un travail qui m'entraîne, mais qui réclame son dû. Je ne veux pas devenir cela, cette femme qui se surpasse sans arrêt. Je pensais que la prépa m'avait appris à m'arrêter ; je me suis trompée. Je voudrais m'arrêter. Je voudrais prendre mon temps. Savourer. Me sentir libre d'agir. Peut-être que ce n'est pas pour moi. Peut-être que si j'en suis là, c'est parce que j'ai tout fait pour y être. Je me pose la question. 

J'ai peur pour mon avenir. Combien de fois ai-je pensé, ici ou ailleurs, à mes enfants futurs ? Aujourd'hui j'ai peur qu'il n'y en ait jamais. Je me sens démunie. Faible. Coupable. Je ne veux pas de l'avenir qui se trace devant moi. Mais comment lutter ? Comment changer ce que je vis ?

Souvent, je pense à me laisser aller. Car malgré mes doutes, mes inquiétudes et ma tristesse, je continue à lutter pour ma passion. Pour écrire. Et puis, la fatigue prend le dessus. Je me sens condamnée... Et j'ai envie de tout lâcher. Après tout, pourquoi écrire ? Pourquoi m'imposer cela ? Mon côté pessimiste l'emporte. Je sais la vie qui m'attend. Qui suis-je pour rêver ? Pourquoi ne pas me laisser glisser vers la fin inéluctable qui s'annonce ? Le travail. C'est tout ce qui s'annonce pour moi en ce moment. Travailler. Pour les rêves...

Une part de moi comprend que je suis une adulte. Que je me laisse prendre. J'ai l'impression d'avoir perdu la part d'enfance qu'il me reste. Je suis devenue trop réaliste, trop consciente des enjeux. Pour être honnête, je pense que je craquerai un jour. Mais je ne craquerai pas sans avoir été jusqu'au bout, et au-delà. Cela me fait peur. Mais je me sens seule. Qui pourrait bien me soutenir ? Qui le devrait ? Je n'ai que moi-même sur qui compter, comme il en a toujours été, au fond. Je suis seule responsable. Seule, et responsable. Où est là place du rêve dans cela ?

Ecrire, c'était ce que je voulais. Je voulais devenir écrivain. J'ai l'impression que c'est la dernière parcelle de moi qui n'est pas pervertie, annihilée par le reste. Et elle est en train de sombrer. Bientôt, je céderai, je crois. Et après... Après, je ne sais pas si ce blog perdurera. Si quoi que ce soit perdurera. Ce que je suis, la personne à laquelle j'essaie de rester fidèle contre vent et marée, le cap que je me suis fixé... Tout cela aura disparu. Et alors, quel intérêt ? Que poursuivre.

Rien. Il n'y aura qu'une adulte au travail. Et un coeur creux. Je ne veux pas de cela. Mais je crois bien que cela va finir par arriver.

 

Publicité
Publicité
15 mai 2016

Avoir une playstation

P1070862

Hier, je suis allée acheter une playstation 3. Je suis montée dans la voiture, j'ai fait le trajet, et en quelques heures j'avais ma playstation installée chez moi, avec mes jeux. J'en attends d'autres qui arrivent dans la semaine ; ça me laisse le temps de réaliser. J'ai l'impression que c'est Noël, mais c'est bien plus que ça. J'ai l'impression que j'ai de la chance. Que j'ai acquis un droit.

Je ne sais pas si j'ai déjà mentionné ici ce qu'est pour moi être un adulte. Il y a des paliers à franchir (ou non) pour atteindre ma conception de l'adulte : avoir un salaire, boire du café, fumer, conduire, avoir son propre logement, boire de l'alcool, avoir une carte de crédit, le droit de vote... Bref, toute une panoplie de droits et d'expériences qui font qu'on est un adulte à part entière. Je n'ai pas envie de faire tout ça. Je n'ai pas non plus envie d'être entièrement adulte. Je ne le serai sans doute jamais. Jusqu'à hier, je ne pensais pas qu'une playstation était sur cette liste. Maintenant que j'en ai une, je comprends que c'est le cas, et je suis fière.

Ca, c'est le côté positif. Mais il y en a un autre, plus complexe. Si je suis si fière, ce n'est pas seulement parce que je suis adulte, mais parce que je suis une femme. Personne ne semble comprendre ce que je ressens. Pour moi, je suis en train de lever un tabou. Oui, c'est stupide mais c'est la vérité. Dans mon esprit, la playstation a toujours été une console "pour hommes". C'est sur cette console qu'étaient les jeux violents, les jeux pour les grands, les jeux surtout qui ne m'étaient pas destinés. Dans mon esprit, ces jeux étaient aussi trop complexes pour moi.

Comment ai-je pu me construire un tel schéma ? Je joue depuis des années. Sur pc, certes, mais parfois à la manette. En prenant en main celle de la Playstation, hier, quelle n'a pas été ma surprise de réaliser que non, les touches n'étaient pas vraiment différentes, que non, les combinaisons n'étaient pas complexes, bref, que cette console n'est pas plus inaccessible qu'une autre... Et que je suis tout à fait capable de la manier. D'ailleurs, pourquoi ne le serais-je pas ? Je ne suis pas plus stupide qu'une autre. Qu'un autre. Pourquoi ne pourrais-je pas faire un jeu que mon frère serait capable de faire ? Pourquoi serais-je moins bonne que lui ?

J'ai grandi dans une famille où seuls les hommes jouaient. Pourtant, dès mes 6 ans, ces hommes m'ont mis une manette entre les mains. Ils m'ont fait jouer aux jeux de course, de voiture... Mais pas à tous les jeux. Et jamais seule. Pourquoi ? Parce que c'était les hommes qui possédaient les consoles, et par conséquent les jeux. C'était l'ordinateur de mon père, la Nintendo 64 puis la Gamecube de mon frère. Personne ne m'a jamais rien interdit. J'ai dû négocier pour avoir mes propres jeux mais pas parce que j'étais une fille : parce que je n'étais pas propriétaire de la console et qu'il n'était donc pas forcément légitime que j'y joue. Pour cause, je ne l'avais pas payée. Quand je jouais, c'était surtout à des jeux familiaux en tant que deuxième joueur. Parfois, c'était mon frère qui insistait pour que je joue ; il voulait avoir un adversaire. Le principe de base était que mon frère gagnerait forcément. Je n'ai jamais compris pourquoi à l'époque. Aujourd'hui, ça me paraît évident : il avait plus d'expérience. Je n'avais pas mes parties à moi sur les jeux solo : je le regardai jouer. C'était sa console, ses jeux.

Bien sûr, cela a évolué avec le temps. J'ai pu acheter quelques opus et trouver le moyen de les faire. Il restait prioritaire sur sa console. Pour l'ordinateur, c'était un peu différent. J'ai eu accès à des jeux, pas mal de jeux. Surtout des jeux éducatifs, en réalité, ou des jeux "pour fille" : l'Oncle Ernest, Adibou, Mon atelier d'écriture, jeune styliste... Une exception : l'univers de Zork, introduit par mon père. Je gravitais donc autour d'un monde qui m'intéressait. Qui m'attirait. La preuve, plus aucun homme de ma famille ne joue actuellement. Moi, oui. Souvent. Pas de façon suivie, parfois sans toucher à rien pendant des mois, mais au point d'avoir une pratique régulière. Aujourd'hui, je suis celle qui est légitime. 

Alors pourquoi cette impression en achetant une playstation ? Je me sens ridicule en formulant le concept, en osant avouer ce que je ressens. Mais il n'y a pourtant pas de doute : parce que je suis une fille. Personne ne m'a jamais empêchée, personne ne m'a dit que ce n'était pas pour moi. Je me suis créé un tabou toute seule. Ou plutôt... J'ai intégré sans y penser une conception du jeu vidéo véhiculée par la société, moi qui n'y pense jamais, moi qui joue depuis des années, moi surtout qui n'ai pas tendance à prêter attention à ce genre de choses.

Par cette simple constatation, je me rends compte que j'ai été touchée par l'inégalité homme/femme. Je le savais déjà, dans plein d'autres domaines, pour plein d'autres petites choses. Mais hier, je crois que j'ai compris quelque chose. Oui, personne n'empêchera une femme d'être mécanicien, ou plombier, ou astronaute. Personne ne dira ouvertement (parfois si, malheureusement) qu'elle n'est pas capable. Même si personne ne le fait, elle s'en empêchera toute seule. Parce qu'elle croirait l'opinion établie, celle qui, insidieusement, se faufile jusqu'à son cerveau pour la convaincre qu'elle ne peut pas. Une opinion qu'elle ne demandera qu'à croire (syndrome de l'imposteur, quand tu nous tiens).

J'aurais pu m'acheter une playstation il y a dix ans. Je ne l'ai pas fait. J'en voulais déjà une à l'époque. Mais je m'étais convaincue que ce n'était pas pour moi. Combien de femmes pourraient-elles réaliser des choses et s'en empêchent ? Toutes, je pense. Bien sûr, l'exemple d'une console de salon est trivial dans mon cas. Pourtant, le fait de pouvoir jouer, faire mes jeux moi-même est une telle libération que je n'en suis pas si sûre. Je suis heureuse, mais surtout, j'ai l'impression qu'on m'a libérée d'un immense poids. Que je suis beaucoup plus libre que je ne l'étais hier. J'aurais dû le faire plus tôt.

J'espère que cette expérience me servira de leçon. Je suis capable, et j'ai le droit. Je ne dérange personne. Je suis une femme, je suis une adulte (aussi), et j'ai le droit de jouer à la playstation.

20 mars 2016

Pensées en vrac

P1030121

J'ai changé. Je ne pourrais pas dire en quoi exactement, mais je le sens. J'ai vieilli, je crois. Cette constatation pourrait arracher un sourire à n'importe qui. Pourtant, c'est le cas. Cela ne veut pas dire que je ne suis plus jeune. Cela veut dire que je ne suis plus comme avant. Avant, j'avais peur de mon passé. Je devais apprendre à vivre avec moi-même, avec qui j'étais. Je vivais aussi beaucoup dans le présent. L'important, c'était ce qui était en train de m'arriver. Je ne doutais pas de ce que j'allais faire dans l'avenir. Je n'y pensais même pas. Non, ce qui m'inquiétait, c'était l'immédiateté. Mon seul espoir était la fuite en avant.

Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Depuis quand le futur est-il si sombre ? Parfois, j'ai l'impression que le monde tourne à l'envers. On sait ce qu'il serait bon de faire, ce qu'il faudrait faire, mais personne ne le fait. Le "demain ça ira mieux" se transforme en appréhension. Plus le temps passe et plus je trouve des similitudes avec des récits de science-fiction ou des contre-utopies. Pourquoi ? Ne devrions-nous pas croire que nous arriverons à progresser ? Depuis quand suis-je si pessimiste ? Depuis quand le monde l'est-il devenu ? N'y a-t-il plus d'espoir ou de foi en l'avenir ?

Ou alors, c'est moi qui change. C'est moi qui ne vois plus l'avenir comme je le faisais. Pourtant, il se passe de bonnes choses dans ma vie. Je veux faire des projets, avancer. Parfois, je me dis que je suis folle. Que je m'imagine ce sentiment latent, qu'en réalité tout va bien. Je ne sais plus vraiment quoi penser.

Je ne suis pas aveugle, certaines choses vont mieux. Beaucoup d'autres empirent. Il y a cinq ans, je ne pensais pas que nous en serions là aujourd'hui, nous, habitants du monde. Comment ne pas parler de régression quand je vois les sommets d'intolérance que nous atteignons ? Les discours extrêmistes n'ont jamais été aussi nombreux, aussi assumés. Que ce soit du racisme, du sexisme, de l'antisémitiste, de l'islamophobie... Pourquoi les gens se renferment-ils sur eux-mêmes ? Est-ce qu'ils ont peur ?

Moi, j'ai peur, parfois. J'ai peur de ce que pourrait devenir le monde. Et pourtant tant de choses positives se passent ! Tant de projets sont menés à leur terme, tant d'avancées effectuées ! Quand je vois ce que nous pouvons faire aujourd'hui, je suis impatiente de savoir ce que demain nous réserve. Je n'ai jamais vu autant de créativité, que ce soit dans les arts ou du point de vue des innovations.

Quand je vois toutes cela, je ne peux qu'avoir le sentiment que le monde est en train de se radicaliser. Les choses mauvaises le sont d'autant plus, les bonnes aussi. Je dois avouer que je ne veux pas d'un monde aussi manichéen. J'aimerais de la nuance. J'aimerais aussi avoir plus d'options et ne pas me sentir enfermée entre ces deux extrêmes.

Je ne sais plus non plus à quel point je dois m'exprimer ou non. Est-ce que ça en vaut la peine ? Puis-je me le permettre ? Avant, je ne me posais jamais ces questions. Je venais sur ce blog et je disais ce que j'avais sur le coeur. Maintenant, c'est un peu différent. Je me demande qui pourrait lire ce que j'écris. Je me demande qui partage mon sentiment.

C'est pour ça que je pense avoir vieilli. Je n'ai plus cette confiance aveugle, cette foi dans le futur. Je deviens méfiante, malgré moi. J'ai l'impression d'être pleine de cicactrices et de rides à l'intérieur, d'avoir 90 ans. D'être impuissante. En même temps, je crois que je n'ai jamais été aussi épanouie. Que je n'ai jamais eu autant de projets, de vrais projets, qui me tiennent à coeur. Que je n'ai jamais été aussi confiante en moi-même.

Je crois que mes dernières certitudes d'enfant s'écroulent. Peut-être. Je crois aussi que je suis en train de découvrir autre chose et que ma résolution est loin d'être éteinte. J'ai appris que quoi que le futur puisse contenir pour moi, j'étais prête à me battre pour qu'il soit le plus beau possible. Je reviendrai en parler ici. Quoi qu'il arrive.

26 février 2016

Snow

P1130690

 

J'ai un rapport compliqué avec la neige ; c'est le moins qu'on puisse dire. Aujourd'hui, j'ai envie d'en exprimer la complexité.

J'aime la neige. Lorsqu'il neige je peux sortir faire un bonhomme dans le jardin. Je m'applique, je lui mets une carotte sur le nez, j'utilise des cailloux et je rajoute une écharpe. Je mets mes bottes de neige et je sens le froid sur mon visage. Lorsque je rentre, une vague de chaleur m'envahit jusqu'à me faire mal. Elle me rassure. Je suis mouillée, trempée, fatiguée. Je vais me reposer.

Je hais la neige. Lorsqu'elle tombe durant la nuit, insidieuse, je dois quand même me lever pour aller prendre mon bus. Il fait nuit, il fait froid. J'ai peur de déraper et de tomber à chaque pas. Je ne porte pas des vêtements adaptés ; je n'ai pas envie de le faire. J'ai juste envie que la neige disparaisse et ne revienne jamais. Je la trouve laide. Elle n'apporte que des désagréments. Je ne comprends pas pourquoi les gens l'aiment tant.

J'adore la neige. J'adore la fraîcheur de l'hiver, aussi douce que mordante. La nuit, je vois mieux les étoiles qui me bercent et me protègent, la lune qui baigne le paysage d'une lueur irréelle. Cela me permet de croire que le monde n'est pas si dur. Qu'il y a de la beauté quelque part malgré mes petits soucis, ma petite vie. J'aime le contact de la neige sous mes pieds. J'aime y plonger à chaque pas, marquer mon avancée, sentir le craquement léger de la fine couche de glace qui se rompt pour le contact plus doux, presque cotoneux de la neige, comme un envol éphémère avant que mes pieds ne touchent le sol.

J'ai peur de la neige. Quand il neige le problème du ski n'est jamais loin. On s'attend à ce que j'en fasse, à ce que j'aime ça. Je ne peux pas aimer ça. Pas quand on me force. Comme lors de ce cours de sport supposé être de l'endurance, durant lequel j'ai passé plus de temps à enfiler qu'à faire autre chose. Cela n'a pas empêché les chutes, la honte du regard des autres. Mais c'était moins pire que la sensation d'abandon que j'ai ressentie ce jour-là, loin de chez moi, alors que je pensais mes proches près de moi et qu'ils ne l'étaient pas. J'étais trop petite alors. Je n'ai pas compris. J'ai juste su que j'étais sur mes skis et que j'étais seule. Les personnes qui m'entouraient étaient inconnues. J'étais petite, perdue. Je ne veux plus cela. Je ne peux pas faire du ski. J'en ai peur.

J'attends la neige. Quand il y en a, mes grands-parents m'emmènent à la montagne faire de la luge. J'adore la luge. J'adore me laisser glisser le long des pentes. J'aime parcourir les champs couverts de centimètres de neige, sentir ma jambe s'enfoncer jusqu'au genoux et au-dessus. Je ne suis pas forte en bataille de boules de neige mais j'aime en faire. Et quand je tombe et que je me roule dedans, la sensation est toujours agréable. Nous y allons quand il fait beau. Je peux mettre mes lunettes de soleil. Et puis, à la fin, nous retournons à la voiture pour goûter. J'aime ces moments. Quand on rentre, souvent, je somnole sur la route. Je me sens épuisée, d'une fatigue pleine et entière, satisfaisante.

Je honnis la neige. Elle salit la ville, souligne ses immondices et renforce sa froideur. Les gens sont encore plus stupides, plus antipathiques. Tout est perturbé, laid. Le sel, la boue, la pollution imprègnent les vêtements, s'incrustent dans la peau, abîment les cheveux. Il ne fait même pas vraiment froid. A peine si on peut mettre un manteau chaud. La neige n'est qu'une légère couche de sucre saupoudrée sur la ville, et pourtant elle m'ennuie plus qu'aucune autre neige ne l'a jamais fait.

J'aime voir fondre la neige. Lorsqu'elle disparaît peu à peu, le soulagement m'envahit. C'est comme si le monde se dissipait pour mieux renaître. Des larmes de pluie s'écoulent le long des murs. Parfois, je sens que l'air change. Il y a une autre odeur, une odeur que j'aime plus que tout ; celle du printemps. J'aperçois des bourgeons. Je sens l'odeur de la terre. Les jours se rallongent. Je ne regrette rien, je suis juste heureuse que tout soit fini. Jusqu'à l'année prochaine.

J'exècre la neige. Je me sens toujours maladroite quand il y en a. La neige dissimule la glace ; elle m'agresse. Je prends mille précautions et quand je m'oublie... La chute inévitable, toujours la chute. Cette fois-ci, à la sortie des cours, au début du collège, dans une autre ville... Ma mère m'attend dans la voiture toute proche. Mais le verglas... Je tombe, j'ai mal. J'aurai mal pendant des années encore, au coccyx. La douleur disparaîtra. Pas le souvenir.

J'admire la neige. Chaque fois que je la vois, je l'admire. Que ce soit de ma chambre, de mon salon, de ma voiture, de mon balcon... A chaque fois qu'elle est là, je ne peux m'empêcher de m'extasier devant les paysages fantastiques qu'elle révèle. Les montagnes aux bleus mêlés d'immaculé. Les mille éclats flamboyants du soleil teintant les cristaux sous l'azur. Les levers de soleil écarlates, les couchers orangés. L'air si frais qui donne à tout cet aspect de pureté. La neige m'inspire tant de choses ! Je crois que je ne l'aimerai jamais. Comment le pourrais-je ? Mais je ne pourrai jamais la haïr non plus. Pas quand elle m'offre tant de beautés.

5 février 2016

Interrogations

P1130684

Je ne sais pas quoi faire de ce blog. Pendant très longtemps il a été mon jardin secret. J'y ai été honnête, joyeuse, triste... Profondément moi-même. Vulnérable. Chaque instant est qui j'étais à ce moment précis, ce que j'ai pensé. Ce blog contient une partie de ma vie. Bien sûr, je n'ai jamais révélé mon identité civile, mes coordonnées, toutes ces choses qu'il est si important de dissimuler jusqu'au bout sur internet. Mais j'y ai inscrit mon quotidien. Mon passé. Qui je suis. Je le fais encore aujourd'hui.

A l'inverse, j'ai été éditée pour la première fois. Sous mon pseudonyme. Celui qui est devenu mon identité sur internet pendant des années, celui qui est le visage souriant de mon moi secret, l'identité qui me correspond, que je me suis construite au fil des ans depuis l'adolescence. C'est un rêve devenu réalité, mais c'est un rêve qui pose beaucoup de questions. Surtout maintenant que j'ai décidé de continuer à suivre la voie de la publication. Et je ne sais pas quoi faire.

L'édition a eu plusieurs conséquences auxquelles je n'avais pas pensé. La plus importante est que j'ai acquis une notoriété. Bien sûr, ce n'est pas une très grande notoriété. Si j'arrive à la centaine de personnes, c'est le bout du monde. Mais c'est une centaine de personnes. Des personnes qui ont lu ma nouvelle. Cette nouvelle, c'est une partie de mon univers. Elle aurait sa place ici. D'ailleurs si elle n'avait pas été publiée, c'est ici que je l'aurais postée. On en retrouve des germes sur différentes pages de ce blog, en particulier concernant ma vision de Paris, de Strasbourg, mon amour des cathédrales... Parce que cette nouvelle est un peu une partie de moi. Une partie de moi que des personnes que je ne connais pas ont lue.

J'ai toujours été très discrète sur l'écriture. Pour des dizaines de raison, j'ai toujours eu de mal à en parler, à l'assumer. Certains de mes proches ne savent pas que j'écris. D'autres n'ont jamais rien lu, ne liront jamais rien. J'ai toujours été très sélective quant aux personnes que je laissais entrer dans la confidence. Cela a toujours été quelque chose de précieux. J'ai envie que ce que j'écris plaise à tout le monde, que ce soit un moment particulier, qu'on apprécie ce que j'ai fait. Qui lit ma nouvelle me connaît un petit peu. Un petit peu mieux qu'un collègue ou qu'une connaissance. Et des personnes que je ne connais pas lisent ma nouvelle.

Pour pouvoir assumer le phénomène, j'ai créé une page facebook. Des gens que je ne connais pas aiment cette page. Si j'y poste le lien de ce blog, cela amènera du monde. Souvent des personnes connues, je pense (et je les salue, et je les embrasse, et je les aime). Mais sûrement aussi d'autres. D'autres qui auront soudain accès à moi. Pas une façade, pas une apparence, pas une convention sociale. A qui je suis, dans mon entièreté, avec mes qualités et mes défauts, mon monde de couleurs et d'ombres.

J'ai envie de faire suivre mon parcours depuis le début à ceux qui font l'effort d'aimer cette page. Les laisser lire les nouvelles refusées, leur permettre de faire ma connaissance. Être disponible, prête à répondre aux questions. Peut-être que si je poste le lien aujourd'hui, une personne inconnue viendra faire un tour. Une seule. Mais mon projet n'est pas de me cantonner à une nouvelle. C'est d'en écrire d'autres, de voir ce que donnera Herbepierre, d'écrire des romans. Que se passera-t-il si cette personne devient 10, 15, 100 personnes inconnues ?

Peut-être devrais-je créer un nouveau blog. Je n'en ai pas envie. Je ne sais pas si je serais capable de le tenir correctement. Il y a une opposition entre l'endroit secret que je chéris et la vitrine que j'aimerais afficher. Et je ne sais pas quoi faire. Je réfléchis.

14 décembre 2015

Mes grands-parents

P1060978

Je crois que je ne pourrai jamais exprimer à quel point mes grands-parents sont importants dans ma vie. A quel point leur soutien indéfectible, quelles que soient les circonstances, m'a portée. Nous n'avons pas toujours été d'accord, nous n'avons pas toujours été proches, mais ils ont eu à coeur de m'ouvrir les yeux sur le monde, de me faire découvrir de nouvelles choses, d'éveiller ma curiosité. Ils m'ont permis de voyager, m'ont encouragée à suivre mes rêves. Ils sont un gage de stabilité dans ma vie mouvementée. Ils se sont montrés actifs, ambitieux, prêts à tout pour me donner confiance en moi. Parfois un peu trop. Je me rends compte aujourd'hui que ce qu'ils m'apprenaient ou m'imposaient plus jeune est important. Ils ont voulu me pousser. Rétrospectivement, ils ont eu raison. Ils ont encore raison. Il y a chez eux une sagesse terre-à-terre, un raisonnement simple et cohérent qui apaise et pousse vers l'avenir. Ils m'ont appris ce qu'est la famille, les premiers. Ils ont su agir avec mesure, avec justice. Pas de façon égalitaire mais de façon équitable.

Ils m'ont montré ce qui compte dans une vie : pas l'argent, jamais l'argent. Ils ont éveillé mon intérêt pour la musique, la peinture, la découverte. Ils m'ont fait comprendre qu'il y avait d'autres choses à voir, qu'on pouvait aller plus loin si on le voulait. Ils ont pris soin de moi. Ils m'ont appris ce qu'est la générosité, mais aussi la nécessité de se préserver, de faire attention à soi. Ils m'ont montré ma valeur. Je n'oserai jamais leur dire en face à quel point je tiens à eux, à quel point je leur suis reconnaissante d'avoir changé ma vie, à quel point ils m'ont marquée. Je pense qu'ils le savent.

Je ne sais pas ce qu'il va advenir de ce blog, je ne sais pas s'il deviendra public ou pas. C'est une des grandes questions que je me pose en ce moment. S'ils tombent un jour sur ce message, par hasard, j'en serai heureuse. Je sais que nous n'en parlerons jamais. Cela n'a pas d'importance. Je les aime. En grandissant, ma plus grande peur était de perdre mes grands-parents. J'ai de la chance qu'ils soient encore là. Je ne sais pas combien de temps je l'aurai encore. Je ne suis pas naïve : la mort est une chose inévitable. J'en souffrirai mais au fond, ce n'est pas grave. Avec eux, grâce à eux, j'ai atteint le but que je m'étais fixé : profiter d'eux un maximum, de chaque instant, pour ne rien avoir à regretter. Quand je repense aux souvenirs que j'ai avec eux, à ce que nous avons découvert ensemble, à ce qu'ils m'ont montré... Nous avons réussi. J'espère les avoir encore longtemps dans ma vie. Ils m'ont aidée à me construire. Ils font partie de moi.

Publicité
Publicité
1 2 3 4 5 6 7 8 9 > >>
Archives
Publicité
Publicité